Karine Kong

Elle ne jure que par les green smoothies, une bonne crise de larmes et cite Galaxy Quest et Steve Jobs dans la même phrase. Elle, c’est Karine Kong, la créatrice et directrice créative de Bodie & Fou, le concept store en ligne. Passer une heure avec elle, c’est juste ce qu’il nous faut pour bien démarrer l’année. Enjoy !

Comment l’histoire de BODIE and FOU a-t-elle commencé?

 

Tout a commencé à l'époque où j’ai acheté mon premier appartement. Je vivais avec ma sœur et nous parlions décoration non stop, jour et nuit! J’ai toujours beaucoup aimé la déco d’intérieur. Cela doit venir de ma mère. Elle nous amenait souvent faire les brocantes, depuis toute petite, je repérais souvent des choses que personne d’autres ne remarquait. Du coup, même aujourd’hui, ma sœur déteste faire du shopping pour des pièces vintage avec moi car je continue d’être la première à détecter les petits trésors!

 

En 2005, j’ai commencé à parler de la possibilité de monter notre business de décoration intérieure avec ma sœur, Elodie. Je voulais que mon travail reflète ma passion. Nous avons pensé ouvrir une boutique ou un étal au Marché de Spitalfields à Londres mais ça ne collait pas totalement avec nos envies.

 

A l’époque, Steve, mon conjoint, travaillait dans une boîte de marketing digital. Il est rentré à la maison un soir et m’a parlé des fondateurs d’une e-entreprise. Je l’ai écouté et c’est ce soir-là que tout s’est révélé. Je m’en souviens encore, mon esprit allait à cent à l’heure. Nous sommes allés courir et le temps de revenir à la maison, ma décision était prise: peu importe ce que nous allions faire, ce serait en ligne.

 

J’ai ouvert mon business environ deux semaines avant de donner naissance à ma fille, Mila ! J’ai passé un temps énorme et beaucoup d’énergie afin que le site soit fabuleux. Cela me semblait évident que, si le site était beau, les gens trouveraient leur chemin et ne le quitteraient plus. Mais internet ne fonctionne pas tout à fait comme cela... Je n’ai fait aucun effort de communication ou de marketing au début. Du coup, le premier mois, nous n’avons eu qu’une seule vente. Le deuxième, nous en avons eu deux, alors on a ouvert la bouteille de champagne et avons ainsi dépensé tous nos profits ! Bon, après, je me suis ressaisie et ai vraiment commencé à penser sérieusement à la communication.

J’ai contacté tous les grands magazines de déco dans lesquels je souhaitais paraître, je les ai appelés sans relâche jusqu’à notre première parution : dans le Time Out ! Et à partir de là, ça a eu un effet boule de neige.

 

Le web est un environnement connu pour sa compétitivité. Selon toi, qu’est-ce qui a fait la différence ?

 

D’abord, ce n’est pas du marché d’aujourd’hui dont nous parlons. En 2005, la plus grande partie de ce qui était en ligne était juste horrible ! Tout se ressemblait. Tout le monde utilisait le même modèle. Je souhaitais créer un site totalement différent, quelque chose de plus personnel avec la sensation d’être dans une boutique. Et aussi, la collection était très différente de ce qui était disponible au Royaume Uni à l’époque.

 

Tu gères BODIE and FOU, tu as également un blog qui marche très bien et tu travailles en tant que styliste indépendante. Comment arrives-tu à tout gérer ?

 

Le blog fait partie intégrante de ma vie au quotidien. Il est d’ailleurs sur le point de devenir un business en soi. Je vais aussi écrire un livre sur la décoration l’année prochaine. Bien sûr, cela veut dire qu’il faut travailler différemment pour réussir à tout intégrer.

 

De quelle manière aimes-tu travailler ?

 

J’aime me sentir indépendante. Nos bureaux sont situés dans un bâtiment industriel génial à Londres mais j’aime aussi travailler de la maison. Mon espace de travail à la maison est un lieu que j’aime. Je suis entourée par tout ce que j’aime: mes livres, photos de famille, œuvres d’art et petits bibelots que j’ai rassemblés au fil des ans.

 

Tu as un nombre impressionnant d’affiches à message dans ta maison. Quelle a été ton inspiration ?

 

Ces dernières années, nous avons reçu de nombreuses demandes de personnes souhaitant distribuer la collection BODIE and FOU. Ils pensaient que nous étions une marque en propre alors que nous proposions du multimarque. 

Au final, j’ai décidé de me lancer dans la grande aventure, de lancer ma propre marque et de développer une gamme d’affiches. Nous avons eu la chance de collaborer avec VIPP - je suis d’ailleurs très fière de la poubelle « Love Life & Family » que nous avons créé avec eux. Nous avons utilisé cette collaboration pour lancer le reste de nos impressions.

 

Les messages sont comme des mantras d’une certaine manière. Y-a-t-il une citation qui te convient plus particulièrement ?

 

Oui (rires). C’est tiré de Galaxy Quest, un film avec des extra-terrestres : « N’abandonne jamais, ne renonce jamais !" C’est vraiment la manière dont je gère ma boîte ! L'autre citation que j’adore est de Steve Jobs: "Il vaut mieux être pirate que de rejoindre la marine."

 

As-tu quelques conseils pour des entrepreneurs en herbe?

 

C’est un marathon. Vous devez avoir plus d'endurance que n’importe qui d’autre. Donc, première chose, je dirais : faites un maximum pour être en forme et en bonne santé ! J’ai commencé mon business de la maison et je mangeais des muffins au chocolat tous les jours. Maintenant, j’en fais pour les autres ! Allez, sérieusement, prendre du temps pour moi et être en bonne santé joue énormément dans la manière dont je gère mon stress.

 

Deuxièmement, je trouve qu’il est essentiel d'avoir de très bonnes relations avec ses fournisseurs. Si un jour, quelque chose tourne mal, ils seront à vos côtés. Nous avons eu un gros problème de cash dans les premiers jours qui ont suivi la crise économique et, sans la relation que j’avais avec nos fournisseurs, je n’ose même pas imaginer ce qu’il serait arrivé. Les premières années de l'entreprise ont été dures, très dures. Cela a été très pressurisant pour toute ma famille. Je pense que nous sommes sortis de l’eau il y a cinq an, mais avant ça, et bien, disons qu’il nous a fallu avoir les épaules larges.

 

Et mon dernier conseil serait : pleurer ! Pleurer beaucoup ! C’est ma façon de décharger les tensions. Et, une fois que j’ai fini de pleurer, je me ressaisis et je reprends mon activité.

 

Qui sont les femmes que tu admires dans le monde du web ?

 

J’admire Little Fashion Gallery. Marie Soudré Richard m’inspire énormément. J’adore aussi Garance Doré en tant que créatrice de contenu et femme d’affaires. Et, même si elle n’appartient pas au monde du web, j’aime aussi beaucoup Vanessa Paradis. C’est quand elle a explosé avec Joe Le Taxi que j’ai commencé à la suivre. J’admire ses choix artistiques, sa musique. Quand je fais mes comptes, si j’écoute sa musique et que je bois beaucoup de thé, je peux presque supporter de les faire !

 

Vous êtes très présente sur les réseaux sociaux. Quels sont les comptes Instagram que tu suis ?

 

@kayla_itsines – des abdos hallucinants!

@tracyandersonmethod 

@sincerelyjules – J’aime son style, ses cheveux, tout

@milasienna – ma fille

@emmanuellealt – la rédactrice en chef du Vogue français 

@Carolinedemaigret – J’aime son style

@giseleofficial – une fille belle à l’extérieur comme à l’intérieur

@Curated_by – J’aime l’œil de Renata 

@frenchbydesign – de mon amie Siham

 

Quels blogs lis-tu ?

 

Honnêtement, je ne lis pas beaucoup de blogs. Je me suis rendue compte qu’ils m’empêchaient de progresser avec mon propre blog. C’est très tentant d’être prise dans des comparaisons négatives. J’ai aussi récemment désactivé mon compte Facebook afin de passer plus de temps à faire les choses lentement, à faire du sport, à lire sur la diététique plutôt que d’être assise devant mon ordinateur.

 

Enfin, sur quels sites achètes-tu ?

 

Pour Mila, j’achète chez Zara, H&M et Elias and Grace.

Pour moi, c’est aussi Zara, Isabel Marant, Net-A-Porter et Hush Homewear.