François du Chastel

Banquier d'affaires dans une vie professionnelle précédente, François du Chastel nous raconte le virage pris il y a 3 ans quand il a décidé de lancer sa marque de slippers, Chatelles. Rencontre avec un inconditionnel de la poésie (à l'intérieur de chaque paire de Chatelles se trouve un vers de Victor Hugo, "Je ne puis demeurer… loin de toi plus longtemps") et de l'élégance anglo-saxonne.  

 

Raconte-nous la genèse de Chatelles, la marque de chaussures que tu as fondée il y a bientôt 3 ans ?

Tout a commencé par un manque d’intérêt pour mon travail précédent. Un matin, au réveil, je me suis dit, « François, il te reste 40 ans de vie active, autant t’amuser ». Donc j’ai laissé tombé la finance (j’étais à l’époque chez Merrill Lynch, dans la City à Londres) et je me suis lancé dans la chaussure !

 

Tu avais depuis toujours une passion pour la chaussure de femme ?

Je dirais plutôt que j’avais un vrai coup de cœur pour le produit et le sentiment qu’il y avait un vrai manque dans la catégorie de la chaussure plate, car entre les mocassins, plus classiques, et les ballerines, imaginées à la base pour danser, pas pour marcher, il n’y a pas pléthore de choix. 

Les slippers, c’est, en plus, une très belle histoire. Inventés en Angleterre pour le prince Albert, époux de la reine d’Angleterre, ils sont devenus le choix d’une aristocratie européenne à la recherche d’une chaussure d’intérieur. J’ai d’ailleurs un très beau livre qui raconte cette histoire. C’était un cadeau de Pippa (Middleton, NDLR, la sœur de Kate, la future reine de l’Angleterre). Dans ce livre, figure un tableau peint au Château de Windsor du Prince Albert arborant ses slippers. Aujourd’hui, à une époque où les femmes s’approprient plus que jamais la mode masculine (les grosses montres, le jean « boyfriend », les chapeaux) nous remettons cette chaussure, qui sied parfaitement au pied d’une femme, au goût du jour. De plus, en restant totalement mono-produit, nous la mettons au cœur de notre histoire. 

 

Tu as étudié la chaussure ou c’est tout simplement ta passion qui t’a porté ?

Je n’ai rien étudié, mises à part peut-être les belles chaussures sur les pieds d’une jolie fille ! Je dirais plutôt que j’ai fait confiance en mon sens de l’esthétisme et que je me suis très bien entouré. Par exemple, Tiphaine de Bodman, qui a travaillé chez Kenzo et Paul Smith, a dessiné les Chatelles. J’avais aussi une idée très précise de la chaussure, ni trop féminine ni trop masculine, que je voulais créer. Même si je conçois que les talons sont magnifiques, puissants et séducteurs, je ne crois pas qu’une fille puisse être perchée en permanence. Quand une fille est à plat, elle devrait pouvoir trouver des chaussures qui lui donnent de l’allure.

 

Tu as depuis toujours le rêve d’entreprendre ?

Je m’étais toujours dit que si l’on doit travailler très dur (ce qui était mon cas en banque d’affaires), autant que ce soit pour soi. Je ne regrette point mon passage par la City, qui m’a appris des méthodes de travail que j’applique tous les jours chez Chatelles, mais  le rêve d’entrepreneur, oui, je l’ai toujours eu.

 

Donc pas de regrets ? 

Non. Au contraire, tous les jours je me félicite de mon choix ! Si, peut-être un. Je regrette juste de ne pas avoir entamé l’aventure entrepreneuriale plus tôt.

 

Quel serait ton conseil pour un entrepreneur qui se lance aujourd’hui ? Tu as une devise que tu cites tous les jours. 

Yes! Au travail, tout simplement.

 

Vous pouvez citer un entrepreneur que tu admires particulièrement ?

Nathalie Massenet, qui a fondé Net-A-Porter, un modèle du genre, et Isabel Marant.

 

Qui sont les femmes que tu rêves de chausser ?

Nous avons la chance de chausser déjà Pippa Middleton et Dakota Johnson. Et je rêve de voir des Chatelles au pied de Marion Cotillard ou de Natalie Portman. Elles seraient des ambassadrices parfaites, élégantes sans jamais être surfaites.

 

Tu parles de Londres, de Pippa, du Prince Albert... L’Angleterre tient une place importante dans ta vie ?

J’ai toujours aimé l’Angleterre. Avec Chatelles, le soulier anglais, dessiné et conçu à Paris, j’ai pu combiner les deux pays que j’apprécie tant. Je dirais que l’on retrouve dans cette chaussure d’apparence très simple, toute la nonchalance, la self-confidence anglaise.

 

Quel est pour toi le lieu idéal pour travailler ?

Chez moi rue de Varenne, au soleil face au jardin. Parce que nous sommes au coeur de Paris dans un immeuble datant du XVIIe et construit pour Mazarin, qui aurait lui-même sûrement apprécié l'élégance et le confort des slippers !

 

Un objet nécessaire pour le travail ? 

Mon ordinateur et un casque main libre pour le téléphone pour faire des calls tout en travaillant.


Et l’objet de ton appartement que tu garderais s’il y avait le feu, un seul ?

Ce tableau d’un homard bleu peint par ma sœur. C’est le bleu Chatelles, tu vois ?

 

Des livres, tu en as beaucoup. Si tu devais en garder un seulement ?

Anna Soror de Marguerite Yourcenar, simple, beau, puissant et efficace, comme les slippers !

 

Quels sont tes comptes Instagram préférés ?

@nataporter, @dakotaJohnson (l'actrice de 50 Shades vient de poster une photo d'elle en Chatelles :-), @TedLigety pour les mini vidéos de ski à couper le souffle et @thecoolhunter, toujours rafraîchissant.

 

Une dernière question : tu as toujours vu Chatelles en grand ?

Oui. J’ai énormément d’ambition pour la marque qui se doit de devenir la référence des slippers féminins.

François du Chastel, conquérir le monde en slippers, un pas à la fois.

 

Photos // Peonies and Lux pour Nettement Chic Â